un sonnet de dix-huit vers
pour les eulers les népers
un sonnet exponentiel
dont l’envers logarithmique
aplanirait magistral
cet élan catastrophique
confinant au vertical
et soudain soporifique
substituerait terre au ciel
pourquoi ça n’existe pas
la question pardi se pose
repousse-t-on la limite
de ce non rimant quatorze
c’est comme si van der Pauw
avait connu l’Oulipo
c’est comme si près de Gorze
un chant fût né pour le rite
il suffit pour ça qu’on ose
Les sonnets irrationnels, introduits par Jacques Bens, sont des poèmes de 14 vers (comme le sonnet) dont les strophes ont pour longueur les premières décimales du nombre irrationnel π : 3 puis 1, 4, 1, 5 vers. Leur réintroduction sur la liste Oulipo par Pierre Lamy qui lui consacre un site a conduit Gilles Esposito-Farèse à dresser une liste d’autres nombres irrationnels ( notamment la constante de van der Pauw qui entre dans le folklore de la liste Oulipo ) dont les premières décimales s’additionnent pour donner 14 vers. Hélas le célèbre nombre d’Euler (ou de Néper) e = 2,718… donne un total de 18 vers si l’on prend ses quatre premières décimales. Déçu mais opiniâtre je tente ici un « sonnet de 18 vers ». Le titre est bien sûr un discret hommage au poème de Robert Desnos « Une fourmi de dix-huit mètres» qui a charmé tant d’élèves de nos écoles.
Concernant Gorze : Wikipédia décrit ce bourg comme un centre essentiel de développement du chant messin, ancêtre du grégorien. Le mot quatorze est l’un des rares ne possédant pas de rime, hormis quelques noms propres.
Posté sur la liste Oulipo 29 juin 2020.