On trouvera des listes de contraintes très complètes sur les sites Oulipo, Zazipo, Fatrazie, Gef. La présente page permet de trouver parmi les textes présents sur ce site les contraintes utilisées. On y donne pour quelques contraintes les définitions difficiles à trouver ailleurs.
Accumulation agréable
Proposition d’Eric Angelini sur la liste Oulipo: il s’agissait d’écrire des textes en utilisant uniquement des mots équilibrés en nombre de consonnes et de voyelles.
Exemple sur ce site : « accumulation agréable »
Acronyme itéré
La contrainte de l’acronyme consiste à choisir un mot et le traiter comme s’il était un acronyme. On parle d’acronyme itéré lorsque ceci est répété tout le long d’un texte, dont chaque mot débute tour à tour par l’une des lettres du mot acronyme. (Cette terminologie m’a été soufflée par Gilles Esposito-Farèse.)
Exemple sur ce site: « Arme lourde, éveil puni »
Acrostiche
On en trouvera par exemple la définition sur Wikipédia.
Exemple sur ce site: « naissance »
Alpharime
Il s’agit d’ouliporimes alphabétiques : une terminaison invariable est précédée tour à tour de chacune des lettres de l’alphabet, ou d’une partie de celui-ci. Cette contrainte très étudiée sur la liste Oulipo a notamment été explorée par Gérard Le Goff en se restreignant aux 20 consonnes, la consonne prenant dans ce cas le nom de « G20 ».
Exemples :
sur ce site: « le bateleur »
sur le site de Gilles Esposito-Farèse (qui fournit à cette occasion un historique des expérimentations de cette contrainte) : « Cour jus »
Ananyme
Tout comme l’anagramme s’écrit en utilisant exactement les lettres d’un texte donné, l’ananyme utilise exactement les mots d’un texte donné. Cette contrainte due à Latelio a fait l’objet d’un défi sur la liste Oulipo par Gilles Esposito-Farèse.
Exemple sur ce site : « ananyme anonyme »
Beau présent
Poème écrit en l’honneur d’un ami. La contrainte est d’utiliser dans tout le texte uniquement l’ensemble des lettres du nom de la personne destinataire.
Cette contrainte se généralise en appliquant les règles ci-dessus non plus au nom d’une personne mais à un mot ou un groupe de mots quelconque.
Belle absente
Poème composé en l’honneur d’une personne d’un sexe ou de l’autre. Le poème comporte autant de vers que les lettres du nom de la (ou du) destinataire (comme dans l’acrostiche). L’on s’interdit d’utiliser dans le premier vers la première lettre du nom, dans le deuxième vers la deuxième lettre, et ainsi de suite. Toutes les autres lettres de l’alphabet (à l’exception des lettres k,w,x,y,z dont l’usage reste libre) doivent au contraire être présentes dans chaque vers.
Cette contrainte se généralise en appliquant les règles ci-dessus non plus au nom d’une personne mais à un mot ou un groupe de mots quelconque.
Exemples:
- Sur le site OuliPo
- Sur ce site: « Le cuistot de la caserne rue Cornélie Gémond » , « Théorème de l’invisible »
Biconsonantisme
Nicolas Graner et Gilles Esposito-Farèse ont donné des démonstrations magistrales de monoconsonantisme, textes où une seule consonne est utilisée, dont Nicolas distingue en définissant ce terme une version « phonétique » (seul le son compte) s’opposant à la forme « littérale » illustrée par Gilles.
On peut par extension définir le « biconsonantisme » dont « Le dol à Dole » est un exemple, phonétique, où les deux consonnes s’alternent systématiquement. Dans ce cas on peut parler de « biconsonantisme phonétique alterné », terminologie proposée par Nicolas.
Exemple sur ce site: « Le dol à Dole ».
Bigollo
Leonardo Fibonacci ne s’est jamais de son vivant nommé ainsi : il se faisait appeler Leonardo Bigollo ou Leonardo Pisano. En hommage à ce mathématicien important -c’est notamment lui qui introduisit en Europe les chiffres arabes- est proposée une forme intitulée « bigollo » ce qui signifie en Italien « Vagabond ».
Ces poèmes sont basés sur la suite de Fibonacci(3,5) dont les premiers termes sont:
3 – 5 – 8 – 13 – 21 – 34 – …
(chaque terme étant la somme de ses deux prédécesseurs). Le quotient de deux termes successifs se rapproche de plus en plus du nombre d’or, proportion idéale des anciens.
Les longueurs des vers de ces poèmes sont données par les premiers éléments de cette suite. Ces textes sont formés de suites à départ décalé, de plus en plus courtes. On trouve des bigollos simples (3-5-8-3-5-3), grands (3-5-8-13-3-5-8-3-5-3), très grands (3-5-8-13-21-3-5-8-13-3-5-8-3-5-3).
Les vers de longueur 5 sont souvent identiques, formant une sorte de refrain.
Exemples sur ce site: voir notamment le recueil « Vagabondages » .
Bigollitwoosh
Raccourci pour « bigollo littéral twoosh ». Dans cette version du bigollo (voir ci-dessus) la contrainte de longueur porte sur les nombres de caractères (lettres, apostrophe, blanc, saut de ligne) des vers et non sur le nombre de syllabes. De plus la longueur totale du poème est de 140 caractères. La structure est la suivante :3 / 3-5 / 3-5-8-13-21 / 3-5-8-13 / 3-5-8 / 3-5 / 3
Exemple sur ce site: « envol »
Clotilde
Clotilde est le titre d’un poème d’Apollinaire, auquel est empruntée cette forme inventée par Annie Hupé. Le clotilde est un poème en trois strophes de quatre vers: trois de 7 syllabes et le dernier de 8 syllabes.
Les rimes sont croisées, respectant généralement l’alternance (quelques exceptions se rencontrant dans la première strophe).
Le premier vers du poème a la structure « L’a… et l’a… » où chacun des deux mots commençant par « a » est un substantif de trois syllabes prolongées par un e muet..
Il est d’usage de ne pas mettre de majuscule au titre.
Très proche de cette forme, la Clotilde qu’on trouve sur ce site s’en distingue par la contrainte assouplie sur le premier vers, remplacée par exemple par « S et S » où les deux S sont des substantifs, précédés ou non d’un article, parfois « S+A et S+A » un peu dans l’esprit de la morale élémentaire.
Exemples de Clotildes sur ce site: « avant/après », « bishnoï », « Alleg, Mandela »
Contrainte harmonique
L’idée est de renverser une coutume chez les musiciens de rendre hommage à l’un d’eux en écrivant un morceau dont le thème est obtenu en transformant son nom en notes de musique. Des exemples célèbres sont « Bach » et « Fauré ». Deux méthodes existent, celle sur « Bach » n’autorisant pas une correspondance pour toutes les lettres, celle sur « Fauré » la permettant: j’ai utilisé cette dernière. La correspondance est la suivante (on reconnaît dans la première colonne la notation anglo-saxonne des notes):
la: a,h,o,v
si: b,i,p,w
do: c,j,q,x
ré: d,k,r,y
mi: e,l,s,z
fa: f,m,t
sol: g,n,u
Ici, on part d’un air musical (composé ou emprunté à une oeuvre connue) et on applique la correspondance dans l’autre sens. C’est comme si on mettait des paroles sur l’air en question. Diverses variantes sont envisageables:
– contrainte dure : pour chaque syllabe, soit elle commence par l’une des lettres associées à la note, soit sa voyelle est l’une de ces lettres.
– contrainte molle : chaque syllabe contient l’une des lettres associées à la note.
– décomposition vocalo-consonantique proposée par Gilles Esposito-Farèse: celui-ci, qui n’utilise que les lettres classiques de a à g, impose la contrainte, soit sur la voyelle, soit sur la consonne suivant immédiatement la voyelle qui précède: par exemple DCBA permet « Don/C sa/Bo/rdA ».
Cette contrainte n’est pas sans rappeler une proposition, « Ravelation », envoyée sur la liste Oulipo par Elisabeth Fullerton et Rachel O’Connor en 1997. Leur système plus sophistiqué tenait aussi compte de la longueur des sons et la correspondance note-lettre était très différente.
Exemples sur ce site: « Chanson à boire avec modération », « clinamen à l’harmonie », « Une Marseillaise harmonique », « Le jeune prince et la jeune princesse »
Autres exemples: « Didon, digne femme… » et « Ô si pur » de Gilles Esposito-Farèse.
Contrainte téléphonique
On utilise un très grand nombre N. La contrainte s’impose successivement à certaines lettres qui doivent être choisies parmi les 3 lettres de la touche d’un clavier téléphonique correspondant au chiffre suivant du nombre N:
2=a,b,c ; 3=d,e,f ; 4=g,h,i ; 5=j,k,l ; 6=m,n,o ; 7=p,q,r,s ; 8=t,u,v
Selon la variante, les chiffres 0,1,9 sont soit laissés libres, soit égaux à w,x,y,z, soit imposer les mêmes lettres que le chiffre 1 à 8 précédent.
Dans la variante dure ceci s’impose à chaque lettre du texte. Ainsi, dans la Sonate à Bell-Meucci, le premier vers « Rital naïf » vient du début du nombre N= »748291243609873120363192… » par la correspondance
7=r 4=i 8=t 2=a (9=l) (1=n) 2=a 4=i 3=f
Des variantes douce (chaque syllabe doit comporter une lettre respectant la contrainte), « acrotéléphonique » (la première lettre de chaque mot respecte la contrainte; terme suggéré par Gilles Esposito-Farèse), « consonantique » (chaque consonne phonétique respecte la contrainte) ont été explorées.
Exemples sur ce site: « Sonate à Bell-Meucci » .
Contre-assonances
Contrainte ainsi décrite par Gilles Esposito-Farèse : «Mêmes sons consonantiques finals».
Exemples sur ce site: «Artichauts » .
Damier
Texte écrit sur 10 lignes de 10 caractères, avec une alternance voyelles/consonnes horizontalement et verticalement, les autres caractères (blancs …) étant des deux sexes. En bouts de ligne je me suis imposé de toujours mettre une lettre.
Exemples sur ce site: « le musicien s’éveille » .
Des « damiers » un tout petit peu différents (plus proches de l’okapi) parmi les twits de L’autre Hidalgo.
Dérivée, primitive
En math on nomme f’ la dérivée d’une fonction f. Cet objet, qui rend compte de propriétés locales de f, n’existe pas toujours. Si c’est le cas, on dit que f est dérivable.
Nous allons associons à un texte T une dérivée T’ simplement en choisissant une lettre dans chaque syllabe de T. Bien sûr l’ordre initial doit être respecté. L’opération peut être réitérée, et la dérivée seconde T″ de T est la dérivée de T’, etc. Il va sans dire que ni l’existence, ni (à la différence des mathématiques) l’unicité de la dérivée T’ d’un texte T n’est assurée.
L’opération inverse de la dérivation est la recherche d’une primitive. Une primitive ∫T d’un texte T est un texte U tel que U’=T. Comme précédemment il n’y a pas unicité d’une primitive d’un texte. En revanche, je pense qu’on doit toujours pouvoir trouver des primitives d’un texte (à la différence des maths), mais je laisse ça en conjecture.
Exemples sur ce site: « Calcul différentiel 1/3 », « Calcul différentiel 2/3 », « Calcul différentiel 3/3 » .
Doublet de Carroll
Il s’agit de relier un couple de mots de même longueur par une suite de mots dans laquelle chaque mot diffère du précédent par la modification d’une seule lettre. Cette définition est plus stricte que celle trouvée sur Wikipédia.
Exemples sur ce site: Le shit de Lenge.
Fable express
La fable express est un court poème s’achevant, en guise de morale, par un calembour. Tantôt cruel, tantôt affectueux, ce genre a connu des variantes comme les katrainbour de Robert Rapilly qui a aussi parlé de quatrain express : ici on trouve un quatrain suivi du calembour dont le quatrain dévoile plus ou moins le sens.
Exemple sur ce site : « Express spaghetti »
Girondeau
Martin Granger a proposé sur la liste Oulipo une forme qu’il a intitulée le girondeau, dont il donne la description suivante:
« Le girondeau partage quelques caractéristiques avec le rondeau, mais comporte 11 vers et 66 syllabes ainsi réparties :
un premier vers de 11 syllabes
un second de 10, un troisième de 9 etc., jusqu’au 11e vers d’une syllabe.
le huitième vers est un refrain reprenant les quatre syllabes du premier vers
et à part ça on conserve les deux rimes du rondeau, masculin / féminin, et tout »
Exemples sur ce site: vague d’argent.
Sur la liste Oulipo, Martin a donné un exemple initial
Harmonique
Voir Contrainte harmonique
Homophonie
Décrite sur le site Oulipo
Exemple sur ce site : 12-11-10-09-08-07
Homosyntaxisme
Remplacer les mots d’un texte par d’autres mots de même fonction (verbe pour verbe, …)
Exemple sur ce site : C’est un saccage
Idiot pur
Cas particulier d’acronyme itéré.
Vous prenez un texte source. Exemple:
« Il est dangereux et interdit de se pencher hors des fenêtres ».
Vous choisissez un mot ou un groupe de mots clé. Exemple: « SNCF ».
Vous remplacez à tour de rôle chaque première lettre des mots du texte source par les lettres du mot clé. Dans l’exemple ci-dessus:
« sl nst cangereux ft snterdit ne ce fencher sors nes cenêtres »
A ce stade, on est en présence d’un acronyme itéré, mais sa signification est en général peu claire…
Vous dérivez un troisième et dernier texte en remplaçant chaque mot du précédent par un mot le moins éloigné possible du précédent (contrainte « molle »), mais en conservant la première lettre (contrainte « dure »). Exemple:
« Seuls nos congénères, fort stupides, nient, crient, fâchés sans nous connaître. »
Exemples sur ce site: « gorge se perce » , « rire d’acrodora »
Inversion du sens
Exemples sur cette liste : soir avec gong
Isogrelle
Une isogrelle d’un texte A, est un second texte B dont les voyelles reprennent dans l’ordre la liste des voyelles de A. Cette contrainte est une variante des anagrelles/anagronnes définies par Eric Angelini.
Exemple sur cette liste : « Trace libre »
Isogronne
Une isogronne d’un texte A, est un second texte B dont les consonnes reprennent dans l’ordre la liste des consonnes de A. Cette contrainte est une variante des anagrelles/anagronnes définies par Eric Angelini.
Exemple sur cette liste : « Trace libre »
Isocélisme
On trouvera une description de l’isocélisme sur le site de Nicolas Graner.
Exemple sur cette liste : «naissance»
Isobelle
Petit hommage à une personne, composé en alternant des vers anagrelles ou anagronnes du nom de cette personne.
Exemple sur cette liste : «Trace libre»
Isotankwoosh
Cette forme définie par Gilles Esposito-Farèse est un tanka isocèle de 140 caractères (donc un twoosh)
Exemples sur cette liste : Grands froids morts d’antan et plusieurs exemples dans le Zodianku
Jeu de la vie
Le jeu de la vie est un célèbre automate cellulaire inventé par Conway en 1970, dans lequel des cellules d’un quadrillage « naissent » ou « meurent » selon des règles préétablies, et dont les représentations graphiques sont souvent magnifiques.
On propose ici une contrainte « jeu de la vie », version de cet automate appliquée aux voyelles (a,e,i,o,u) d’un texte, et dans laquelle la mort d’une voyelle est remplacée par sa transformation en la voyelle suivante. On prendra pour exemple les voyelles de la phrase « J’appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l’oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance. » C’est la première phrase du deuxième paragraphe du Côté de chez Swann. On obtient la liste de voyelles suivante:
auaieeeeoueoeeeeoueeoeieuieieeaieooeeoueeoeeae
Cette liste va évoluer de façon synchrone, chaque voyelle se modifiant en fonction de ses deux voisines selon la règle suivante:
xyx -> x (qui doit se lire « dans xyx le y devient un x) si x et y différents
yyy -> y’
yyx -> y
xyy -> y
xyz -> y’
où y’ est le suivant dans la liste des voyelles (a -> e -> i -> o – > u -> a). La ligne 1 correspond à une naissance, les lignes 2 et 5 à une mort, les 3 et 4 à un statu-quo.
Pour les voyelles du bout, on considère que l’une de ses voisines est « vide » et donc différente de toutes les voyelles.
Dans l’exemple ci-dessus on obtient les cinq premières évolutions que voici:
auaieeeeoueoeeeeoueeoeieuieieeaieooeeoueeoeeae
eaeoeiieuaieeiieuaeeeieiaoieeeeoiooeeuaeeeeeei
ieieiiiiaeoeeiiiaeeieeioeuoeiieuoooeeaeeiiiieo
oieiiooieieeeioieeeeeeouiauiiiiaouoeeeeeiooiiu
uoiiioooieeieoioeiiiieuaoeaiooieuoueiiieoooiia
Il reste plus à habiller le texte avec des consonnes et on obtient un poème en prose.
Une variante autorisant la rime consiste à appliquer les mêmes règles mais en imposant les voyelles à l’extrémité droite des lignes.
Nicolas Graner a réalisé un utilitaire qui facilite fortement le travail de constitution des listes successives de voyelles .
Exemples sur ce site: «Le sang des plumes», «On ne naît pas femme» (avec rimes), «AZ 80 en un jeu de la vie»
Autre exemple : Le sonnet «El juego de la vida», nouvelle variante d’El Desdichado, a été composé en appliquant le Jeu de la vie par Nicolas Graner, Gilles Esposito-Farèse et moi et publié sur la liste Oulipo le 9 janvier.
Lipogramme
Défini sur Oulipo
Des variantes précisent le nombre de voyelles ou consonnes autorisées : monovocalisme, bivocalisme, monoconsonantisme…
Exemple sur ce site : «Transports», «Terre», «A Cavanna va ma stanza !», « L’e »
Logo-rallye
Défini sur Zazipo.
Exemple sur ce site : «Transports»
Une variante ici proposée, la réponse mot pour mot,consiste à répondre à une phrase par un poème qui associe à chaque mot significatif un vers à la fin duquel ce mot est reproduit, strictement augmenté pour en faire un mot de sens différent. Lorsqu’une telle augmentation se révèle impossible, on est autorisé à diviser ce mot en deux pour appliquer le traitement à chacun des deux fragments.
Exemple sur ce site : «Affranchis»
Morse
Le code morse consiste à traduire les lettres de l’alphabet par des suites de points et de traits. Ainsi A = .- ; B = -… etc. D’où la contrainte qui associe à chaque point un mot d’une syllabe, à chaque trait un mot de deux syllabes.
Cette contrainte a été introduite sur la liste Oulipo par Nicolas Graner qui en a donné le premier exemple avec le Sosnet, dans lequel chaque vers code le message SOS. Une large étude en a été menée sur cette même liste par Gilles Esposito-Farèse qui a exploré les questions de versification et notamment défini le morsonnet et le morsélénet.
Un complément, sur ma proposition, consiste à repérer la fin de chaque séquence codant une lettre par un mot se finissant par un E muet. Par exemple la phrase « L’œil de celle à qui je pense est vide d’ardents rais solaires. » se coupe ainsi : « L’œil de celle / à qui je pense / est vide / d’ardents rais solaires. » et code donc « … / …. / .- / -.- » ou encore « Shak » (c’est le début d’un poème codant le nom de Shakespeare)
Exemples sur ce site : « SOS au bistrot », « El Sosdealepo », « Le sonnet 130 »
n-ine ou quenine, terine, quinine, sextine
Défini sur Oulipo
Exemple sur ce site : «traits d’union», «Tendre la main»
Orthophonie
On dit qu’un mot «bégaye» lorsqu’une syllabe ou un groupe plus important de lettres est répété. Par exemple «assassin» ou (trois fois !) «calcalcalin» Ces particularités ont été discutées à plusieurs reprises sur la liste oulipo, qui a aussi considéré des textes bégayants, comme le «Sot sonnet né à la Lescure ès curieux yeux», un sonnet bégayant proposé par Gilles Esposito-Farèse.
L’orthophonie consiste à retirer tous les bégaiements rencontrés dans un texte.
Exemples sur ce site: «Une journée à Boueilho-Lasque» , «grandeur et dénuement» .
Exemple fourni par Gilles sur son sonnet bégayant cité plus haut: «Sonnet à laisses (curieux)»
Palindrome
Exemples sur cette liste : palindromes, 11 02 2011, Nostradamus n’est pas dans les rêves des ogres
Persillage
Cette contrainte s’inspire d’un procédé cryptographique consistant à cacher un texte à l’intérieur d’un texte plus long. On procède ici de la façon suivante : on choisit une suite de chiffres puis on place chaque mot du texte à crypter en avançant chaque fois d’autant de cases qu’indiqué par le chiffre. Par exemple, à partir de la suite des chiffres du nombre π = 3,1415… et de «Je regarde le bistrot. Il…» on obtient
X X «je» «regarde» X X X «le» «bistrot» X X X X «il»…
Il ne reste plus qu’à compléter.
Exemple sur cette liste : Le chemin bleu
Pissenlit
Il s’agit d’écrire un texte selon une structure fractale analogue à celle illustrée par la figure ci-dessous. Chaque phrase comporte, dans l’ordre, un substantif, un adjectif, un verbe, un substantif et un adjectif: nommons les S1, A2, V3, S4, A5. Et chaque phrase possède cinq phrase filles: la fille 1 partage le même S1; la fille 2 le même A2, etc. Ces filiations sont matérialisées par les indentations du texte. Chaque S, A ou V est utilisé tout au long d’une chaîne de filiations, et en revanche ne figure nulle part ailleurs dans le texte. Pour être un vrai fractal, le processus devrait être infini. Dans la réalité l’auteur s’arrête au bout d’un nombre fini d’itérations : charge reste au lecteur de compléter à l’infini par son imaginaire.
Exemples sur ce site: «Le cheval rouge» .
Phrase circulaire
Il s’agit d’un texte pouvant se lire à partir de n’importe quelle lettre. Il peut s’agir d’un mot, comme dans l’exemple célèbre de René Droin : Eros -> Rose -> Oser -> Sero. Dans l’exemple ci-dessous il s’agit d’une courte phrase :
Exemple sur ce site : « Méditation circulaire »
Primitive
Voir Dérivée, primitive
Prisonnier
Définition sur Zazipo.
Exemples sur cette liste : transgression pour elle et moi
Quatre-san-ku
Petit amusement chambérien. Ecrire un haïku en utilisant exclusivement quatre lettres choisies dans l’alphabet.
[ D’où le nom: quatre (lettres) sur 3 (san en japonais) vers formant un (haï)ku — rien à voir avec la fontaine des éléphants à Chambéry ]
Exemples sur ce site: plusieurs exemples sur la page «Quatre-san-ku» ; «Topor à Porto»
Renversement
Réécrire un texte en inversant son sens sans en changer la signification.
Exemple sur ce site : «Soir avec gong»
Réponse mot pour mot
Variante du Logo-rallye.
Exemple sur ce site : «Affranchis»
Scraboule de neige
Sur l’idée proposée par Gilles Esposito-Farèse de contraintes exploitant le score des mots au scrabble, la scraboule de neige met en œuvre le schéma classique de la boule de neige : le premier mot vaut 1 point au scrabble, le second mot 2 points, etc.
Exemple sur ce site : «Une scraboule de neige traverse la terre»
Solides de Platon
En mathématiques, les solides de Platon sont les polyèdres réguliers qui, comme le cube, ont toutes leurs faces égales. Il a été démontré qu’il n’en existe que 5 :
– le tétraèdre, sorte de pyramide à base triangulaire, qui possède 4 faces et 4 sommets
– le cube a 6 faces et 8 sommets
– l’octaèdre a 8 faces et 6 sommets
– le dodécaèdre a 12 faces et 20 sommets
– l’icosaèdre a 20 faces et 12 sommets
On propose d’écrire un poème en associant à chaque face une syllabe (phonétique). Pour chaque sommet un vers est écrit en utilisant l’ensemble des syllabes figurant sur les faces contenant ce sommet. Dans la contrainte douce, aucun ordre sur les faces n’est imposé ; la contrainte dure exige de respecter l’ordre des faces autour du sommet, par exemple en respectant la rotation autour du sommet dans le sens trigonométrique.
Une extension du champ de cette contrainte, suggérée par Nicolas Graner, consiste à l’appliquer non plus aux syllabes, mais aux lettres, aux mots, etc
Exemples sur ce site: outre les exemples initiaux de tétraèdre, cube, octaèdre, dodécaèdre, icosaèdre, «Le peuple de la vieille dame »
Sonate
Une sonate est un poème subdivisé en mouvements, chacun associé à une variante d’une même contrainte. On y trouve au minimum un vivace, associé à une forme « dure » de la contrainte, un adagio à une contrainte « douce » et un vivace à une autre contrainte dure, souvent « consonantique » (la contrainte s’applique seulement aux consonnes). On peut encore trouver un scherzo, etc.
Exemples sur ce site: «Sonate quatorzine» , «Sonate à Bell-Meucci» .
Sosnet
Cette contrainte a été introduite par Nicolas Graner. on trouvera sa définition sur le site Zazie mode d’emploi.
Exemples sur ce site: «El Sosdealepo»
Téléphonique
Voir Contrainte téléphonique
Tetraktys
La Tetraktys fascinait Pythagore, voyant un caractère quasi divin dans la formule 1+2+3+4 = 10 que représente la figure suivante :
* * * * * * * * * *
Comme contrainte, la tetraktys consiste en 10 strophes de 4 vers comportant respectivement x, 2x, 3x et 4x syllabes (une telle strophe sera désignée Sx dans la suite). On disposerait alors dix strophes de la façon suivante:
S4 S3 S3 S2 S2 S2 S1 S1 S1 S1
Par commodité, ceci sera linéarisé de la façon suivante :
S1 S2 S1 S3 S2 S4 S1 S3 S2 S1
Dans la tetraktys stricte on ajoute une contrainte vocalique: une strophe Sx est écrite avec x voyelles.
Exemples sur ce site: «un fait banal», «au bord du gour»
Tresse
Gilles Esposito-Farèse définit et illustre magistralement cette contrainte sur son site.
Exemple sur ce site: «Les tresses de Gef»
Twaïku
Cette contrainte fait partie de mes exercies « outwipiens ». Il s’agit d’une forme respectant au mieux la proportion 5-7-5 d’un haïku tout en réalisant un twoosh. C’est donc un poème de trois vers comportant exactement 140 caractères (blancs et typographie inclus), avec de plus:
– vers de 40 caractères, puis 58 et enfin 40 (on y ajoute les deux sauts de lignes pour obtenir un total de 140);
– vers de 11 syllabes, puis 15 et enfin 11.
Exemples sur ce site: Le premier est «des arbres s’enracinent» , mes autres twaikus étant consignés dans le recueil «Fugitifs» .
Versée
Contrainte définie par Philippe Aigrain : petits poèmes articulés chacun autour d’une préposition (parfois une conjonction se prêtant au même exercice). Ce mot pivot est situé à la même position dans tous les vers : le plus souvent la dernière (avec un traitement particulier des deux derniers vers), mais parfois aussi la première ou la deuxième.
Exemple sur ce site : abat-jour
Vocabulaire limité
Lancée initialement par Jean-Charles Meyrignac sur la liste Oulipo, cette contrainte consiste à écrire un texte en utilisant un vocabulaire restreint. Les propositions de listes de mots peuvent être très diverses, citons en particulier celle suggérée par Gilles Esposito-Farèse de la liste des mots les plus fréquents établie par eduscol, dont il a notamment extrait les cent premiers:
Adjectifs : autre, grand, même, petit, tout.
Adjectif numéral : deux.
Adverbes : alors, aussi, bien, encore, là, même, ne, pas, peu,
plus, si, tout.
Conjonctions : comme, et, mais, ou, quand, que, si.
Déterminants : au, ce, de, du, le, leur, mon, notre, quelque,
son, ton, un, votre.
Pronoms : ça, ce, celui, dont, elle, en, il, je, le, lui, me,
moi, nous, on, où, que, qui, rien, se, te, tout, tu, vous, y.
Prépositions : à, avec, dans, de, en, par, pour, sans, sous, sur.
Substantifs : chose, femme, homme, jour, main, mari, mer, temps,
vie, yeux.
Verbes : aller, avoir, devoir, dire, donner, être, faire,
falloir, mettre, parler, passer, pouvoir, prendre, savoir,
trouver, venir, voir, vouloir.
Comme dans un magasin de bricolage on utilise une base de peinture blanche à laquelle on incorpore un pigment coloré, j’ai suggéré d’utiliser cette liste comme « base » et de lui adjoindre selon les textes réalisés une second liste restreinte apportant une « couleur ». Ainsi dans « El nocturno vocabulario » j’ai ajouté la liste des mots figurant dans le texte de Jacques Jouet présenté par le site Zazie mode d’emploi dans sa rubrique « l’Oulipien de l’année ».
Exemples sur ce site: «passer la mer» (sur le seul vocabulaire de base), «El nocturno vocabulario» (coloré par « La nuit » de Jacques Jouet)
Autres exemples : plusieurs sur la liste Oulipo sous l’objet «nouvelle contrainte», et utilisant la liste ci-dessus: Deux exemples de Gilles Esposito-Farèse, et une proposition d’Alain Hupé.
harmonique